Christopher Wheeldon, chorégraphe associé du Royal Ballet, a adapté l’une des dernières œuvres de Shakespeare, un récit complexe de jalousie, de pardon et d’amours victorieuses pour la transformer en un ballet d’une prodigieuse clarté narrative.
Léonte, roi de Sicile, rongé par la jalousie et la paranoïa, soupçonne sa femme Hermione de porter l'enfant de son meilleur ami, Polixène, roi de Bohême. L'amitié entre les deux hommes est brisée, Léonte ordonne la « disparition » de l’enfant, une petite fille, tandis qu’Hermione est présumée morte de chagrin.
Le courtisan chargé de se débarrasser de l'enfant ne se résout pas à la tuer, et l'abandonne sur des terres étrangères de l'autre côté de la mer, dans un pays qui n'est autre que la Bohême. L'enfant est recueillie par un berger, qui l'élève sous le nom de Perdita.
L’acte 2 se déroule 16 ans plus tard en Bohême. Perdita, désormais une belle jeune fille, est follement amoureuse d’un jeune homme qu’elle croit être un simple paysan. Il s’agit en réalité du prince Florizel, le fils de Polixène.
Le roi de Bohème n’approuve guère cette union, le jeune couple s’enfuit et se réfugie en Sicile, où ils s’en remettent à Léonte. L’union entre ces deux jeunes gens de même rang est désormais possible. Léonte et Polixène se réconcilient et, pour une conclusion véritablement heureuse, Hermione qui n’était pas morte réapparaît et pardonne à son époux.
Le drame psychologique de l’œuvre est parfaitement illustré par la chorégraphie de Wheeldon. Les scènes représentant la jalousie presque maladive de Léonte dans le premier acte sont physiquement évocatrices et, grâce à l’interprétation de l’incomparable Edward Watson à la tête de la première distribution, presque gothiques dans leur intensité torturée.
En contraste, la chorégraphie des jeunes amants, Sarah Lamb et Stephen McRae dans la première distribution, déborde de lumière et de l’exubérance innocente des premières amours. Leurs interventions sont joyeusement encadrées par l’ensemble des paysans, dont les danses s’inspirent du folklore d’Europe centrale.
Wheeldon est épaulé par une équipe remarquable : la partition musicale est l’œuvre de Joby Talbot, qui avait déjà composé le précédent ballet narratif du chorégraphe, Alice in Wonderland (Alice au pays des merveilles).
La musique évocatrice de Talbot porte harmonieusement le récit.
Les décors très réussis ont été créés par Bob Crowley, et passent de l’intérieur sombre et froid de la cour de Léonte à la campagne ensoleillée, fertile et merveilleusement colorée de la Bohême. Au lever du rideau de l’acte 2, les cris d'admiration du public se font entendre à la vue de l'incomparable arbre scintillant placé au centre de la scène.
Et ne manquez pas l’interprétation subtile mais fortement réaliste de Crowley et Wheeldon, suivant la directive scénique de Shakespeare : « Il fuit, poursuivi par un ours ».
Plusieurs danseurs auront l’occasion de prouver leur potentiel dans cet ouvrage précurseur, mais dans la première distribution, il convient de mentionner Lauren Cuthbertson, qui campe lascivement une Hermione aimante et indulgente ; et Zenaida Yanowsky, l’une des danseuses les plus expressives de sa génération, dans le rôle de Paulina, l'amie qui a caché Hermione pendant 16 ans et qui est la première à reconnaître Perdita. Son interprétation brille par son contenu émotionnel.
Si vous ne deviez choisir qu’un ballet ce printemps, The Winters’ Tale de Christopher Wheeldon est certainement à ne pas manquer !
Cliquez ici pour réserver vos billets
What | Winter’s Tale, Covent Garden |
Where | Royal Opera House, Bow Street, Covent Garden, London, WC2E 9DD | MAP |
Nearest tube | Covent Garden (underground) |
When |
12 Apr 16 – 10 Jun 16, 7:30 PM – 10:00 PM |
Price | £11-£117 |
Website | Cliquez ici pour réserver vos billets |