L'atelier de Miró, Mayfair​

La galerie Mayoral de Barcelone a reconstitué le studio du peintre surréaliste espagnol Joan Miró dans le quartier de Mayfair – et le résultat est impressionnant. Des œuvres d’art inestimables posées simplement sur des chevalets en bois, au milieu de pots de peinture rouge et bleue. Dans un coin, des pinceaux et une chaise à bascule, dans un autre, des fleurs séchées et un panier en rotin ; l’espace dégage un merveilleux sentiment de décontraction, comme si l'artiste venait de s'absenter pour un instant.

Soixante ans après sa construction par l’ami intime de Miró, l’architecte espagnol Josep Lluís Sert, le studio a été recréé à partir de clichés pris dans les années 70 par le photographe Jean-Marie del Moral, ainsi que des souvenirs du petit-fils merveilleusement excentrique du peintre (« Je m'en souviens parfaitement, les odeurs de térébenthine et d'huile de lin, de peinture à l’huile et acrylique, et les centaines d’œuvres éparpillées de part et d’autre »). Miró a travaillé dans cet espace sur l’île de Majorque de 1956 jusqu’à sa mort en 1983. Il avait créé le studio de ses rêves, après avoir vécu et travaillé dans la misère la plus totale à Paris, et c'est en ces lieux qu’il a produit quelques-unes de ses œuvres les plus célèbres.

Chaque touche de peinture, chaque tâche d'encre ou gribouillage prend une dimension particulière, et on imagine presque Miró penché en avant avec une cigarette ou se servant du vin. Les studios d'artiste historiques sont des espaces précieux, mais ils dégagent aussi un caractère désinvolte ; une légèreté qui contraste avec la raideur des musées, où ces œuvres finissent toujours.