Whitechapel Gallery, Electronic Superhighway ★★★★★
Cette fascinante exposition fait la part belle aux technologies et s'intéresse à l’impact de l'ordinateur et de l'internet sur les artistes des années 60 à nos jours.
Technophobes, ne
soyez pas intimidés : Electronic
Superhigway, dernière exposition en date de la Whitechapel Gallery
déborde peut-être de technologies en tout genre mais elle n'en reste pas moins
une aventure passionnante et turbulente.
Elle explore l’impact des nouvelles technologies, notamment l'ordinateur et Internet, sur les artistes du milieu des années 60 à nos jours. On nous fait remonter le fil du temps, depuis des artistes contemporains comme Amalia Ulman avec Instagram, son support de prédilection, jusqu’à des artistes des années 60 comme John Cage, Robert Rauschenberger et Yvonne Rainer.
Le titre de l'exposition est tiré d'une création de Nam June Paik, artiste américain d'origine coréenne qui a été le premier à travailler avec la vidéo. Il était fasciné par le concept des télécommunications, qu’il appelait « electronic super highways » (super-autoroutes électroniques). Ses idées complexes ont considérablement influencé l'art de la fin du XXe siècle ; à une époque où art et technologie étaient considérés comme antagonistes, Paik a ouvert la voie en les mêlant. Plusieurs de ses œuvres sont exposées.
Certes, de prime abord, tout cela ne semble pas très accessible et il faut bien admettre que certaines créations sont assez obscures. Mais le plus surprenant dans cette exposition, c'est son caractère éminemment ludique. Nous sommes tombés amoureux de Text Butt d'Olaf Breuning, derrière géant d'une femme découpé dans du carton, d’où sortent des iMessages. « Tout ce qu’on dit, c'est de la m**de », suggère-t-il. L’œuvre interactive de Thomson & Craighead transforme les pourriels-escroqueurs en karaoké, pour qu’on puisse chanter sur des paroles comme : « Nous sommes allés à l’ambassade, mais la police ne nous a pas du tout aidés et notre avion décolle demain. On n’a pas d’argent pour payer la note de l’hôtel et le manager refuse de nous laisser partir tant que nous ne l'avons pas réglée. »
L'artiste britannique Celia Hempton présente plusieurs tableaux de sa série Chat Random dans laquelle elle peint les inconnus qu'elle croise sur des sites de rencontres - avec leur permission bien sûr. Le résultat est étrangement émouvant.
Hennessy Youngman, phénomène Youtube et alter ego de Jayson Musson, nous a fait rire aux éclats avec ART THOUGHTZ et son personnage de commentateur de la culture au look unique. Enserré dans des chaînes en or et coiffé de casquettes ridicules, il expose ses opinions sur l'art en jargon hip-hop. Effet comique garanti !
Toutefois, abstraction faite de l'aspect amusant et ludique, la technologie possède un côté obscur. Avec sa série Deep Faces, Douglas Coupland aborde le sujet des atteintes à la vie privée inquiétantes avec des portraits photographiques en noir et blanc où les visages sont assombris et pixelisés de manière déconcertante pour démontrer que la technologie permet aussi bien de révéler que de cacher notre identité.
Surface Tension, l'installation digne d'un roman de George Orwell de Rafael Lozano-Hemmer interpelle le public sur la culture de la surveillance : un œil humain géant vous suit partout dans la pièce et se referme quand vous la quittez. Le résultat fait froid dans le dos.
Les effets de la saturation technologique sur notre cerveau sont explorés dans Lorna de Lynn Hershman. Lorna est tellement obsédée par la télévision qu'elle est devenue agoraphobe.
Dans cette installation des années 80, le public est invité à entrer dans l'appartement de cette femme imaginaire et à choisir ce qu'elle regarde, puisqu'elle a perdu toute autonomie.
L'installation d'Ann Hirsch, Twelve, est tout aussi poignante. A partir d'un bureau d'enfant couvert de crayons roses sur lequel trône un iPad, elle suggère que les enfants, obnubilés par leurs tablettes, ne savent plus jouer ni dessiner.
Electronic Superhighway est une exposition équilibrée, intelligente et opportune qu’on vous recommande vivement.
Elle explore l’impact des nouvelles technologies, notamment l'ordinateur et Internet, sur les artistes du milieu des années 60 à nos jours. On nous fait remonter le fil du temps, depuis des artistes contemporains comme Amalia Ulman avec Instagram, son support de prédilection, jusqu’à des artistes des années 60 comme John Cage, Robert Rauschenberger et Yvonne Rainer.
Le titre de l'exposition est tiré d'une création de Nam June Paik, artiste américain d'origine coréenne qui a été le premier à travailler avec la vidéo. Il était fasciné par le concept des télécommunications, qu’il appelait « electronic super highways » (super-autoroutes électroniques). Ses idées complexes ont considérablement influencé l'art de la fin du XXe siècle ; à une époque où art et technologie étaient considérés comme antagonistes, Paik a ouvert la voie en les mêlant. Plusieurs de ses œuvres sont exposées.
Certes, de prime abord, tout cela ne semble pas très accessible et il faut bien admettre que certaines créations sont assez obscures. Mais le plus surprenant dans cette exposition, c'est son caractère éminemment ludique. Nous sommes tombés amoureux de Text Butt d'Olaf Breuning, derrière géant d'une femme découpé dans du carton, d’où sortent des iMessages. « Tout ce qu’on dit, c'est de la m**de », suggère-t-il. L’œuvre interactive de Thomson & Craighead transforme les pourriels-escroqueurs en karaoké, pour qu’on puisse chanter sur des paroles comme : « Nous sommes allés à l’ambassade, mais la police ne nous a pas du tout aidés et notre avion décolle demain. On n’a pas d’argent pour payer la note de l’hôtel et le manager refuse de nous laisser partir tant que nous ne l'avons pas réglée. »
L'artiste britannique Celia Hempton présente plusieurs tableaux de sa série Chat Random dans laquelle elle peint les inconnus qu'elle croise sur des sites de rencontres - avec leur permission bien sûr. Le résultat est étrangement émouvant.
Hennessy Youngman, phénomène Youtube et alter ego de Jayson Musson, nous a fait rire aux éclats avec ART THOUGHTZ et son personnage de commentateur de la culture au look unique. Enserré dans des chaînes en or et coiffé de casquettes ridicules, il expose ses opinions sur l'art en jargon hip-hop. Effet comique garanti !
Toutefois, abstraction faite de l'aspect amusant et ludique, la technologie possède un côté obscur. Avec sa série Deep Faces, Douglas Coupland aborde le sujet des atteintes à la vie privée inquiétantes avec des portraits photographiques en noir et blanc où les visages sont assombris et pixelisés de manière déconcertante pour démontrer que la technologie permet aussi bien de révéler que de cacher notre identité.
Surface Tension, l'installation digne d'un roman de George Orwell de Rafael Lozano-Hemmer interpelle le public sur la culture de la surveillance : un œil humain géant vous suit partout dans la pièce et se referme quand vous la quittez. Le résultat fait froid dans le dos.
Les effets de la saturation technologique sur notre cerveau sont explorés dans Lorna de Lynn Hershman. Lorna est tellement obsédée par la télévision qu'elle est devenue agoraphobe.
Dans cette installation des années 80, le public est invité à entrer dans l'appartement de cette femme imaginaire et à choisir ce qu'elle regarde, puisqu'elle a perdu toute autonomie.
L'installation d'Ann Hirsch, Twelve, est tout aussi poignante. A partir d'un bureau d'enfant couvert de crayons roses sur lequel trône un iPad, elle suggère que les enfants, obnubilés par leurs tablettes, ne savent plus jouer ni dessiner.
Electronic Superhighway est une exposition équilibrée, intelligente et opportune qu’on vous recommande vivement.
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What | Whitechapel Gallery, Electronic Superhighway |
Where | Whitechapel Gallery, 72-78 Whitechapel High Street, London, E1 7QX | MAP |
Nearest tube | Aldgate East (underground) |
When |
29 Jan 16 – 16 May 16, Ouvert du mardi au dimanche de 11h00 à 18h00; fermeture tardive le jeudi à 21h00 |
Price | £13.50 (donation au musée inclue) £11.95 (sans donation) |
Website | Cliquez ici pour en savoir plus |