'Rosângela Rennó: Río-Montevideo' à la Photographers' Gallery

Rosângela Rennó est passée maître dans l’art de la chasse aux trésors. L’artiste brésilienne furète dans les archives ou les marchés aux puces pour trouver de vieux clichés de vacances, des portraits de photomaton ou des photos de classe. Rennó est en quête de vérité, à la recherche d’images qui n’étaient pas conçues avec une intention artistique, mais qui racontent une histoire oubliée. En recueillant et en montant ces images « trouvées », l’artiste s’empare de photos jetées et disparues pour renouveler leur symbolisme.

Cette année, la Photographers' Gallery accueille la première grande exposition en solo de Rennó au Royaume-Uni : Rio-Montevideo. Les images, prises dans les années 1960-70, proviennent des archives de l’ancien quotidien communiste uruguayen, El Popular.

Dans le contexte mouvementé de l’époque, aussi bien au plan social que politique, les images forment un récit du quotidien de l'époque : événements sportifs, mariages, manifestations, cérémonies religieuses. La censure du régime de l’Uruguay a effacé des mémoires une grande partie de son Histoire – ces négatifs auraient été détruits s’ils n’avaient pas été dissimulés. Le projet de Rennó tente d’atténuer l'amnésie entourant cette période turbulente de l'Histoire sud-américaine.

Cette rétrospective est davantage une installation qu’une exposition : les images sont diffusées sur les murs de la galerie par l’intermédiaire de vingt projecteurs de diapositives d’époques et de marques différentes. Rennó les a récupérés dans des marchés aux puces de Montevideo et de Rio de Janeiro, et leurs vibrations et cliquetis forment une bande sonore quelque peu troublante, en particulier lorsqu’ils sont combinés à l’étrange tintement métallique de l'Internationale communiste en musique de fond.