Modigliani, Tate Modern

L’histoire d’Amadeo Modigliani est à la fois l’une des plus romantiques et tragiques de l’art moderne. À son arrivée à Paris en 1906, il est un jeune intellectuel bourgeois plein d’élégance, si ce n’est un peu raide, qui regarde de haut les vêtements d’ouvrier de Picasso. La capitale connaît alors une révolution artistique alimentée par le sexe, l’alcool et les paradis artificiels. Bientôt, le beau Modigliani s’abandonne aux plaisirs de la vie de bohème, à l’absinthe, au haschisch, au sexe et à l’opium.

Il laisse tomber les convenances de la bourgeoisie dont il est issu pour devenir, grâce à sa beauté et son immense talent, la coqueluche déboussolée de Paris. Il succombera d’abord à l’addiction et enfin à la tuberculose. Il meurt dans la misère à 35 ans, sa carrière en échec. Le lendemain, l’artiste Jeanne Hébuterne, sa très belle compagne enceinte de leur enfant, trouvera la mort en se jetant d’une fenêtre.

Le fait que lorsque nous pensons à Modigliani, nous pensons à son art plutôt qu’à son histoire d’une infinie tristesse est le témoignage de la force de son talent. Nous le reconnaissons immédiatement : des œuvres sensuelles et expressionnistes peuplées de nus et de figures allongées au regard vide et impénétrable. Ses peintures aux multiples influences (égyptienne, grecque, romaine, africaine, asiatique et début Renaissance) se vendent pour des sommes insensées. L’an dernier, son Reclining Nude de 1917 a été adjugé pour la somme record de 170 millions de dollars (environ 144 millions d’euros).

En novembre, la Tate Modern présentera la rétrospective Modigliani la plus complète jamais organisée en Grande-Bretagne. Elle rassemblera pour l’occasion un large éventail de portraits, des sculptures et le plus grand nombre de nus jamais exposés dans ce pays.